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La démonstration de force du social-libéral Emmanuel Macron
Emmanuel Macron porte de Versailles à Paris ce 10 décembre 2016. - Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

La démonstration de force du social-libéral Emmanuel Macron

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Entre 10 000 et 15 000 marcheurs se sont réunis à la porte de Versailles à Paris ce samedi après-midi pour venir écouter leur champion, Emmanuel Macron. Un coup de force alors que le PS peine à mobiliser autour de sa primaire... Lors de son discours, le candidat a présenté ses premières propositions inspirées largement par un social-libéralisme à la française, qui vise à « revaloriser » la valeur travail, les territoires, et approfondir la construction européenne.

Au parc des expositions de la porte de Versailles, les sympathisants d'Emmanuel Macron ont afflué de partout en ce samedi après-midi. La salle de 12 000 mètres carrés prévue pour l'occasion a rassemblé entre 10 et 15.000 personnes. Mais dans la nuit de vendredi à samedi, c'est près de 24 000 inscriptions qui se sont ajoutées ! « Sur le site, on en est presque à 40 000 personnes ! », s'enthousiasme un peu vite un membre de l'équipe. En réalité, pour des raisons de sécurité, une deuxième salle n'a finalement pas été ouverte, et les inscrits de dernière minute ont dû être refoulés. Un autre chiffre est à prendre en compte : 100 000 personnes ont regardé en direct sur Internet le discours... alors que le meeting était également diffusé sur BFM TV.

Pour l'ancien ministre de l'Economie, ce rassemblement à la porte de Versailles est donc un véritable coup de force, à peine une semaine après la rencontre ratée de la Belle Alliance Populaire qui n'avait rassemblé que 2 000 personnes. Dès son arrivée, des « Macron président ! » fusent de la salle. Le candidat a même du mal à se frayer un chemin jusqu'à la scène, protégé de ses gardes du corps, et des très jeunes militants d'En Marche. « C'est son Bourget ! C'est son Villepinte ! », s'enthousiasme l'un de ses soutiens. Voilà pour les comparaisons. Car pour le reste, Macron a enfin déroulé ses premières propositions... d'inspiration sociales-libérales.

« Il y a une place dans le pays pour réconcilier la liberté et le progrès. Cette place c'est la nôtre », entame Emmanuel Macron. Avec pour slogan principal :« Libérer la France, protéger les Français ». En fait, l'ancien ministre de l'Économie veut être le candidat de la « valeur travail » : « Parce que je veux être le candidat de la justice, je suis le candidat du travail ». Ajoutant : « Je veux que le travail paye mieux ». Emmanuel Macron explique alors sa proposition « choc » : transférer les cotisations maladie et les cotisations chômage sur la CSG :

« Je propose que toutes les cotisations maladie, et les cotisations chômage, qui sont aujourd'hui payées par les salariés, soient supprimées. Ce sera une augmentation du salaire net.»

>> [Blog] Remplacer des cotisations sociales par la CSG : erreur ou projet caché de Macron ?

Il promet que les retraités les plus modestes et les chômeurs ne seront pas touchés par une hausse de la CSG, et demande « un effort à deux catégories, les revenus du capital, et la moitié des retraités les plus aisés ». « Je leur demande pour leurs enfants et leurs petits enfants, ajoute-t-il. Mais je n'augmenterai pas les impôts, ni le coût de la maladie ». Et s'il annonce qu'il ne supprimera pas la durée légale du travail à 35 heures, il compte en réalité donner la priorité au contrat plutôt qu'à la loi : « libérer l'accès au travail, c'est libérer le dialogue social au plus près de l'entreprise et du terrain ».

"Nous aimons l'Europe"

Mais dans son discours, Emmanuel Macron annonce également vouloir « libérer les territoires », en donnant « plus de responsabilités à nos élus locaux », n'oubliant pas de citer l'exemple de la métropole de Lyon, dirigée par l'un de ses soutiens, Gérard Collomb. C'est donc un projet très girondin que propose Emmanuel Macron. Une autre partie de son discours concerne les fonctionnaires, car « aimer le service public, ce n'est pas dire 'faut tout supprimer', ou ne rien changer de l'autre, non, c'est dire que nous avons une fonction publique incroyable, mais que nous devons la libérer ».

Il termine enfin son discours sur sa volonté de protéger également les Français, à travers « trois boucliers : un bouclier de sécurité, un bouclier social, et un bouclier européen ». Car, malgré l'euro-scepticisme grandissant, Emmanuel Macron compte bien faire de l'Europe son autre cheval de bataille durant la campagne : « Nous, les amis, nous aimons l'Europe, nous voulons l'Europe ». À ce moment-là, des centaines de drapeaux européens ont été agités dans le public. Le croyant Macron en est sûr : « Face aux risques de la mondialisation, seule l'Europe peut nous protéger ». Cela annonce en tout cas un futur débat européen au cours de la prochaine campagne, entre Macron et Fillon à droite, et Macron et Mélenchon à gauche. En attendant que le PS propose son candidat après une primaire qui pourrait devenir pour le vieux parti de Solférino un vrai chemin de croix.

>> VIDEO - Exalté, Macron conclut son meeting en hurlant

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne