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Le Crédit Lyonnais remet 300 millions dans AOM

La banque publique signe un nouveau chèque en faveur de sa compagnie aérienne, à travers Altus Finance. Dernière étape avant d'envisager l'arrivée d'un partenaire extérieur.

Par Denis Fainsilber

Publié le 15 déc. 1994 à 01:01

Quelques jours après avoir reçu l'autorisation d'exploiter la ligne Orly-Marseille, AOM reçoit enfin de son actionnaire à 94 % Altus Finance (filiale du Crédit Lyonnais) l'apport en fonds propres promis depuis près d'un an. Les pertes de la compagnie aérienne née de la fusion d'Air Outre-Mer et de Minerve étant plus importantes que prévu (environ 60 millions de francs en 1994 au lieu du retour à l'équilibre espéré en début d'année), le chèque signé par la banque publique a lui aussi été revu à la hausse, atteignant 300 millions.
Un soutien qui s'ajoute aux nombreux gestes précédents du Lyonnais ou de ses filiales, notamment les 450 millions de francs débloqués fin 1992. Grâce à ce nouvel apport en cash, AOM devrait entamer 1995 avec une situation nette positive (+40 ou 50 millions) contre _ 207 millions au début 1994, et présenter un visage plus favorable en vue d'attirer de nouveaux investisseurs. « Le Crédit Lyonnais ne se sent pas vocation à rester actionnaire unique pour l'éternité. Mais il n'y a pas péril en la demeure », explique Claude-Eric Paquin, directeur général d'Altus.
Avant d'envisager concrètement un désengagement d'AOM, dont le principe est déjà programmé de longue date, son actionnaire souhaite voir plusieurs conditions réunies : « Il faut asseoir le réseau domestique pour ne plus être une compagnie desservant simplement quelques colonies françaises, remettre en ordre la structure financière et démontrer que l'on a définitivement dépassé le point mort, ce que les chiffres ne montrent pas encore. » Au début de 1995, toutes les solutions seront explorées, allant de l'arrivée d'une compagnie aérienne étrangère dans le tour de table à celle d'un partenaire financier, voire une mise sur le marché.
Troc d'avions
avec McDonnell Douglas
Après la liaison Orly-Nice, exploitée depuis 1991 et qui atteint lentement son point d'équilibre malgré une forte hausse de trafic (+44 % à fin octobre 1994), la compagnie souhaite investir nettement plus vite la ligne Paris-Marseille, sur laquelle elle vise l'équilibre au bout de dix-huit mois d'exploitation. Pour assurer ses huit fréquences quotidiennes prévues dès le printemps, AOM dispose de quatre MD83 supplémentaires, fruit d'un compromis conclu l'été dernier avec McDonnell Douglas: la compagnie, qui avait toujours en commande quatre triréacteurs MD11 chez le constructeur californien, a pu en échanger deux contre un lot de quatre MD83 délaissés par Delta Airlines, tandis que la livraison des deux autres a été repoussée au-delà de l'an 2000. L'opération est donc financièrement blanche.
Longtemps intéressée par la desserte d'Orly-Toulouse l'an prochain, la compagnie devrait finalement se porter candidate pour d'autres lignes domestiques étant donné le trop-plein de concurrents déjà désignés sur cet axe, estime son PDG, Marc Rochet. Pour contrer la nouvelle formule d'abonnement d'Air Inter, valable sur plusieurs lignes, AOM envisage un accord avec Air Liberté, en vue de proposer une carte d'abonnement unique valable sur Nice, Marseille et Toulouse.
En long courrier, le transporteur réaménage son réseau, en inaugurant de nouvelles escales (Colombo, Maldives, Nassau), et en en fermant d'autres, comme Saigon et Tokyo. Cette seconde destination, de loin la plus déficitaire du réseau avec une marge d'exploitation de _ 47%, pourrait rapporter un peu de cash si AOM parvient à monnayer ses droits d'atterrissage à Tokyo-Narita. D'autre part, la compagnie devrait céder prochainement sa filiale GSA (200 millions de francs de chiffre d'affaires), spécialisée dans les services aéroportuaires à Orly et Roissy.

Denis Fainsilber

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