S’ils s’invectivent en public, les responsables politiques hongrois et français opèrent en coulisse un rapprochement discret depuis plusieurs mois. Preuve en est la Légion d’honneur remise à une personnalité influente du gouvernement de Viktor Orban, lundi 28 janvier à Budapest.
Katalin Novak, secrétaire d’Etat à la jeunesse et à la famille, a été décorée en la résidence de France de l’insigne de chevalier par le général d’armée Benoît Puga, Grand Chancelier de la Légion d’honneur, venu pour l’occasion, à l’invitation de l’ambassadrice de France, Pascale Andréani, et en présence d’Anikó Levai, l’épouse du premier ministre.
Situation délétère de l’Etat de droit
Alors que le Parlement européen débattait de nouveau, mercredi 30 janvier, de la situation délétère de l’Etat de droit dans ce pays d’Europe centrale, comptant 9,8 millions d’habitants, une source diplomatique fait savoir au Monde que la récipiendaire a été distinguée pour « l’action importante » qu’elle mène « en faveur de la francophonie » et que ce « type de distinction n’a rien d’anormal ». Outre ses fonctions ministérielles, Mme Novak est également la présidente du groupe d’amitié Hongrie-France au sein du Parlement hongrois.
Très à l’aise en français, elle a été commissaire à la francophonie et s’était déclarée prête à collaborer avec l’ambassade sur des projets liés à la promotion du français. Elle appuie régulièrement auprès des autorités hongroises, avec succès, les demandes de financement d’événements francophones locaux.
« En Europe centrale et orientale, la Hongrie est une véritable terre de mission pour la francophonie », fait-on savoir dans les cercles diplomatiques. « La situation y est beaucoup plus critique qu’en Roumanie par exemple, ce qui nécessite une diplomatie d’influence très active. » Le français est encore marginal face à l’anglais, historiquement installé, mais aussi face à l’allemand, attrayant pour des raisons de proximité économique et géographique. Et la diplomatie francaise tenterait de répondre à la demande croissante de diversité linguistique des élites locales, conscientes d’une montée en puissance de l’Afrique.
A l’approche des élections européennes, Paris chercherait, en outre, à sortir d’une logique d’affrontement binaire entre les « illibéraux » eurosceptiques incarnés par le premier ministre hongrois Viktor Orban et les « libéraux » pro européens, dont le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, se voudrait le chef de file.
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