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Le Reiwa Shinsengumi : un parti « populiste » ?

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Écrit par Théophile Blondy
Publié le 21 juillet 2019, mis à jour le 27 juillet 2019

Le jour des élections est arrivé, la campagne électorale touche à sa fin. Les chefs passent les troupes en revue une dernière fois et postent leurs derniers messages sur les réseaux sociaux. Au Reiwa Shinsengumi, récemment fondé en avril dernier, on insiste sur l’importance de chaque voix et sur la nécessité de voter aux deux élections (celle au scrutin majoritaire d’arrondissement et celle à la proportionnelle sur l’ensemble du pays). Le meeting de samedi (20 juillet) à Shinjuku vient conclure pour eux une campagne énergique et atypique, qui les rangeraient probablement du côté populiste de la force (politique), du moins selon les grilles de lectures européennes. 


Parmi leurs 17 « mesures d’urgence » disponibles sur leur site internet figurent, entre autres : la hausse du salaire minimum à 1 500 yens/heure (alors qu’il est actuellement entre 800 et 1000 dépendant) des préfectures, l’augmentation du nombre de fonctionnaires, le non-remboursement des prêts étudiants, l’abolition de la taxe sur la consommation… Le programme appelle directement et sur presque tous les sujets à un interventionnisme plus marqué de l’Etat ; la huitième proposition s’intitule même « pour un renforcement du pays et un new deal ». Dans cette optique le parti se fixe l’objectif de l’auto-suffisance alimentaire (actuellement d’environ 40%) et entend favoriser l’attribution de pension pour les travailleurs du secteur primaire. 

 

reiwa shinsengumi japon

 

Plus fondamentalement ils partagent avec les partis « populistes » leur opposition farouche aux partis de gouvernement (le parti libéral-démocrate et son allié le parti du gouvernement éclairé) et leur critique des élites en général. Il suffit de se rendre à n’importe lequel de leur meeting pour voir qu’ils n’ont pas de mots assez durs pour qualifier les gouvernements de ces trente dernières années, en particulier celui du premier ministre actuel Shinzô Abe et du parti libéral-démocrate en général. Ces élites de Nagatachô et Kasumigaseki (les quartiers de Tôkyô où se trouve le pouvoir politique) ont « détruit le pays » et privé les citoyens « d’espoir et de futur ». Conformément à leur objectif d’indépendance nationale ils s’opposent dans le même mouvement aux projets de révision constitutionnelle et au projet de relocalisation de la base américaine de Futenma à Henoko (Okinawa). Ils militent d’ailleurs en faveur d’un retrait global de la présence militaire américaine sur le sol japonais.


Deux mesures illustrent bien cette animosité : l’établissement d’une agence de gestion des catastrophes naturelles et l’abolition ou l’amendement des « lois absurdes ». La première parce que le parti libéral-démocrate a été beaucoup critiqué pour n’avoir rien prévu dans leur programme sur le sujet. La deuxième concerne un certain nombre de lois qui sont considérées par le Reiwa Shinsengumi comme le résultat de l’arbitraire et des intérêts du gouvernement en place et qui, pour cette raison, doivent être revues. Parmi ces lois on trouve le traité de libre-échange transpacifique, la loi sur la classification secret-défense (critiqué pour sa définition vague de la notion) ou encore la loi qui permet la construction de casinos depuis l’année dernière.

 

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Là où le Reiwa Shinsengumi marque véritablement des points, néanmoins, c’est dans sa composition. Le charismatique président du mouvement Tarô Yamamoto est plus connu pour sa carrière cinématographique (et notamment son premier rôle dans « Battle Royale ») que pour ses débuts récents en politique. Ils mettent l’accent sur la participation de tous à la vie politique et illustrent par l’exemple : deux de leurs candidats (liste) sont des handicapés, qui viennent comme les autres faire des speechs pendant les meetings. Le candidat à la circonscription de Tôkyô est un Okinawaien membre de la controversé Sôka Gakkai (secte bouddhiste laïque). Ils comptent également une enseignante-chercheuse à la prestigieuse université de Tôkyô. Cinq profils exceptionnels pour seulement dix candidats. Ces profils atypiques, novices, extraits de la vie quotidienne et loin des standards politiques japonais expliquent sans doute la popularité du mouvement et le nombre impressionnant de sympathisants et de curieux qu’il parvient à attirer à ses manifestations. Manifestations où les bénévoles leur distribuent des enveloppes libellées à l’adresse de Tarô Yamamoto pour lui faire parvenir des remarques et des propositions. La « démocratie directe », la reconnexion avec le peuple que revendiquent les partis dits populistes prend un aspect bien concret au sein de ce parti.  
 

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