L’actrice Marie-José Nat, star des années 60 et 70, est morte

L’interprète d’« Élise ou la vraie vie » et « Les Violons du Bal » est décédée jeudi à Paris à l’âge de 79 ans.

 Marie-José Nat, photographiée en novembre 1970.
Marie-José Nat, photographiée en novembre 1970. AFP

    Avec son patronyme en mitraille, elle continuait de strier le ciel du cinéma français d'une image souvenir. Adorée de toute une génération, Marie-José Nat, de son vrai nom Marie-José Benhalassa, était née en avril 1940 à Bonifacio d'un père kabyle et d'une mère corse. Son sourire était aussi éclatant que les deux pastilles de ses yeux profonds, comme la nuit sous le casque de cheveux noirs.

    La comédienne s'est éteinte jeudi à Paris à l'âge de 79 ans d'une longue maladie a précisé son agent. Elle laisse derrière elle un sillage marqué de deux brillantes étoiles : « Elise ou la vraie vie » (1970), de Michel Drach, son deuxième mari entre une brève idylle – un an - avec l'acteur Roger Dumas et une nouvelle vie avec l'écrivain et auteur de chansons Serge Rezvani, qu'elle épousa en 2005, auteur des fameux « J'ai la mémoire qui flanche » et « Le tourbillon de la vie » popularisés par Jeanne Moreau. C'est aussi à Drach, qui en fit sa muse à l'écran, qu'elle doit son prix d'interprétation féminine à Cannes pour « Les violons du bal » en 1974, alors que la critique trouvait qu'on n'était pas loin de toucher le fond.

    Jean Tulard qualifie sa filmographie d'« exécrable »

    De fait, toutes les productions du cinéaste n'étaient pas de la meilleure eau mais Marie-José Nat pouvait asseoir une promesse de postérité sur les noms des réalisateurs qui lui firent la danse des sept voiles. On y retrouve Georges Clouzot (« La vérité), Jean-Pierre Mocky (Litan), André Cayatte (La vie conjugale »), Alexandre Astruc (« L'éducation sentimentale), René Clair (« La Française et l'amour »), Michel Boisrond (« Dis-moi que tu m'aimes »).

    VIDEO. Extrait du film « Les Violons du Bal »

    Ces œuvres se détachent sur une collection de films peu glorieux, et pour tout dire insignifiants. Qu'importe si dans son « Dictionnaire du cinéma », l'historien Jean Tulard n'hésite pas à qualifier sa filmographie d'« exécrable », Marie-José Nat, qui évoque aussi « Une femme en blanc », chez Claude Autant-Lara, reste marquée par son rôle incandescent d'amoureuse d'un membre du FLN, inspiré du roman de Claire Etcherelli, paru en 1967. Cette dernière y gagna par procuration une énorme notoriété.

    Mais l'actrice n'ignorait pas qu'elle pouvait mettre un cierge au petit écran. Et particulièrement aux « Gens de Mogador », une série dont les treize épisodes ont été diffusés dès décembre 1972 sur la première chaîne de l'ORTF. Dans cette saga historico-familiale ancrée dans le Second Empire, elle interprétait Julia Angellier, fille de monarchiste, amoureuse de Rodolphe Vernet, fils de bonapartiste, incarné par Jean-Claude Drouot. Marie-France Pisier et Brigitte Fossey figuraient au générique. Avec la disparition de cette figure absolue des années 70, c'est un peu de la vraie vie d'une époque qui ferme une paupière.

    VIDEO. Un portrait réalisé en 2011 par France 3