Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

Mort d’Aharon Appelfeld, « écrivain juif » de l’exil

Celui qui récusait l’étiquette d’« écrivain de la Shoah » s’est éteint dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 janvier, à l’âge de 85 ans.

Par 

Publié le 05 janvier 2018 à 09h54, modifié le 05 janvier 2018 à 10h03

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Aharon Appelfeld, en 2004 à Paris.

L’écrivain israélien Aharon Appelfeld est mort d’un arrêt du cœur à Petah Tikva, en Israël, dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 janvier, à l’âge de 85 ans. Avec cet homme modeste en dépit de sa renommée mondiale – lauréat du prix d’Israël en 1983 et du Médicis étranger en 2004, on lui doit plus d’une quarantaine de livres traduits en 35 langues – disparaît, après Primo Levi ou Elie Wiesel, l’un des derniers survivants à avoir fait passer dans l’écriture l’expérience restée pour beaucoup incommunicable du génocide. Lui-même n’en récusait pas moins l’étiquette d’« écrivain de la Shoah » parce qu’elle était loin d’épuiser, pensait-il, les sources poétiques, religieuses et surtout musicales qui ont alimenté son œuvre.

Il opposait la « mémoire » et l’« acte de se souvenir », la réminiscence dynamique, vivante, palpable, à laquelle il adhérait

Ce qui lui importait était d’arracher la littérature à la gangue de la sociologie, de l’histoire et de la politique où se perdent les destins et les tragédies des individus. Ecrire contre l’histoire se confondait avec un acte de rébellion contre l’effacement provoqué par l’oppression et l’extermination. Sa méfiance vis-à-vis des pensées toutes faites, de la politique et des « paroles gelées » s’exprimait aussi par sa réticence à s’exprimer sur le conflit israélo-palestinien ou sur la politique en général, contrairement à bon nombre de ses collègues. Il était lui-même, et par son milieu, pourtant libéral et comptait même quelques oncles communistes évoqués dans L’Amour, soudain (L’Olivier, 2004).

Il n’entendait pas non plus renforcer la mémoire officielle de la Shoah. Dans un dialogue avec le journaliste israélien Dan Margalit, que l’on peut trouver sur le site du quotidien Haaretz, il opposait, il y a deux ans, la « mémoire » (zikaron) – objet pour les spécialistes des sciences sociales ou pour les commémorations – et l’« acte de se souvenir » (hizakrout), la réminiscence dynamique, vivante, palpable, à laquelle il adhérait. Son amour du sensible s’étendait jusqu’au refus de posséder un ordinateur chez lui, tant le contact physique de la plume et du papier lui était précieux pour écrire.

Marqué par les souffrances du XXe siècle

L’écriture et la vie d’Aharon Appelfeld sont demeurées marquées par la souffrance et les ruptures cauchemardesques que le XXe siècle a imposées à tant de juifs d’Europe ; notamment ceux qui, comme les siens, résidaient dans les « terres de sang » qu’allaient devenir les confins orientaux du continent.

Il vous reste 73.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.