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Pharmactuel   

Vol. 42 N° 1   Janvier - Février 2009

PHARMACOTHÉRAPIE

Les allergies croisées aux antibiotiques : comment s’y retrouver?

Hélène Paradis, Daniel J.G. Thirion,

 

Luc Bergeron 

validée à l’aide d’un test cutané

1,2

.

 

Les conséquences cli-

niques liées à cette étiquette peuvent être importantes. 
Elles forcent le clinicien à envisager des options théra-
peutiques  probablement  moins  efficaces,  comportant 
plus d’effets secondaires et parfois plus coûteuses. Cet 
article a été écrit dans le but d’améliorer la compréhen-
sion des allergies croisées afin de permettre au clinicien 
d’optimiser le choix de l’antibiothérapie pour le patient. 
Il a nécessité une revue de la littérature scientifique au 
moyen  de  PubMed.  Les  auteurs  ont  pris  en  compte  les 
études  cliniques,  les  revues  systématiques  et  les  méta-
analyses  portant  sur  les  allergies  croisées  aux  médica-
ments.  Ce  travail  est  un  complément  au  tableau  sur  les 
allergies croisées (tableau I) créé par le regroupement des 
pharmaciens  en  infectiologie  de  l’A.P.E.S.  (Association 
des pharmaciens des établissements de santé du Québec) 
(http://www.apesquebec.org).

L’allergie (ou hypersensibilité) est une réaction médi-

camenteuse  imprévisible.  Elle  n’est  habituellement  liée 
ni  à  la  dose  ni  à  l’action  pharmacologique  du  médica-
ment

3,4

. Elle compte pour environ 6 à 10 % de toutes les 

réactions indésirables médicamenteuses

5

Les  antibiotiques  sont  parmi  les  classes  de  médica-

ments le plus souvent impliquées dans les réactions al-
lergiques. Les classes d’antibiotiques les plus souvent as-
sociées à des réactions allergiques sont les pénicillines, 
les  céphalosporines,  les  sulfamidés  et  les  macrolides. 
Les autres antibiotiques, même s’ils sont plus rarement 
mis en cause, peuvent également être à l’origine de réac-
tions allergiques

5

.

 

Hélène Paradis,

 B.Pharm., M.Sc., est pharmacienne à l’Hô-

pital général du Lakeshore

Daniel J.G. Thirion

, M.Sc., Pharm.D., FCSHP, est pharma-

cien au département de pharmacie du Centre universitaire 

de Santé McGill et professeur agrégé de clinique à la Faculté 

de pharmacie de l’Université de Montréal

Luc Bergeron,

 B.Pharm., M.Sc., est pharmacien au CHUL 

du CHUQ et professeur de clinique à la Faculté de pharma-

cie de l’Université Laval
pour  le  regroupement  des  pharmaciens  en  infectiologie  de 

l’Association  des  pharmaciens  des  établissements  de  santé 

du  Québec  (A.P.E.S.).  Avec  la  collaboration  de  Sylvie  Carle, 

B.Pharm.,  M.Sc.;  Carole  Delorme,  B.Pharm.,  M.Sc.;  Fran-

çois  Giguère,  B.Pharm.,  M.Sc.;  Lysanne  Sénécal,  B.Pharm., 

M.Sc.;  Nancy  Sheehan,  B.Pharm.,  M.Sc.;  Isabelle  Tremblay, 

B.Pharm.,  M.Sc.;  Michel  Savoie,  B.Pharm.,  M.Sc.;  Stéphane 

Gagnon, B.Pharm., M.Sc.

   Résumé 

Objectif

 : Le regroupement des pharmaciens en in-

fectiologie de l’Association des pharmaciens des éta-
blissements de santé du Québec a rédigé un manuscrit 
ayant pour objectif d’améliorer la compréhension des 
allergies croisées afin de permettre au clinicien d’opti-
miser le choix de l’antibiothérapie pour le patient.  

Sources des données et sélection des études 

Une revue de la littérature scientifique a été effectuée 
à  l’aide  de  PubMed.  Les  études  cliniques,  les  revues 
systématiques et les méta-analyses portant sur les al-
lergies croisées aux médicaments ont été examinées. 

Analyse des données

 : Cet article présente un ré-

sumé de la pathophysiologie, une description des éta-
pes d’évaluation et des facteurs de risque des allergies 
médicamenteuses ainsi qu’un aperçu des tests cutanés 
disponibles pour dépister les réactions aux antimicro-
biens. Il décrit ensuite l’allergie croisée pour chacune 
des  classes  d’antibiotiques.  Un  tableau  résume  les 
différentes classes afin de faciliter l’identification des 
problèmes lors de la prise en charge des patients aller-
giques aux antimicrobiens.

Conclusion

  :  Le  risque  d’allergies  croisées  entre 

antibiotiques  d’une  même  classe  est  élevé  et,  de  fa-
çon  générale,  l’administration  d’un  antibiotique  à  un 
patient allergique à un médicament de la même classe 
est  contre-indiquée.  La  complexité  entourant  les  al-
lergies croisées varie d’une classe à l’autre et néces-
site souvent une approche individualisée. La mise au 
courrant auprès des patients et des professionnels de 
la santé reste essentielle à une bonne prise en charge 
des infections touchant le patient allergique.

mots clés 

: allergie croisée, agents antibactériens, 

antibiotiques, hypersensibilité médicamenteuse

Introduction

Lorsqu’un  patient  mentionne  avoir  développé  une  al-

lergie à la suite de la prise d’un médicament, peu d’outils 
sont disponibles pour permettre d’établir un diagnostic 
fiable d’allergie. Sans évaluation complète, le patient se 
verra souvent attribuer l’étiquette « allergique à ». Com-
bien de patients reçoivent de la vancomycine durant les 
soins périopératoires en raison d’une « allergie à la pé-
nicilline » ? S’agit-il d’une allergie réelle ? Seulement 5 à 
20 % des patients rapportant une allergie à la pénicilline 
sont réellement allergiques lorsque cette information est 

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Tableau I : 

Classes d’antibiotiques et allergies croisées

Aminosides 

Amikacine 

 

Gentamicine 

 

Néomycine* 

 

Nétilmicine 

 

Paromomycine 

 

Streptomycine 

 

Tobramycine 

Quinolones 

Ciprofloxacine (Cipro

MD

 

Gatifloxacine (Tequin

MD

 

Lévofloxacine (Levaquin

MD

 

Moxifloxacine (Avelox

MD

 

Norfloxacine 

 

Ofloxacine (Floxin

MD

 

Acide nalidixique (NegGram

MD

Sulfamidées et associations 

Dapsone 

 

Sulfadiazine (Coptin

MD

 PO, Flamazine

MD

 crème) 

 

Sulfisoxazole / érythromycine (Pediazole

MD

 

Triméthoprime-sulfaméthoxazole ou TMP-SMX (Septra

MD

 

Sulfacétamide*

Macrolides et dérivés 

Azithromycine (Zithromax

MD

 

Clarithromycine (Biaxin

MD

 

Érythromycine 

 

Sulfisoxazole / érythromycine (Pediazole

MD

 

Télithromycine (Ketek

MD

Tétracyclines 

Déméclocycline (Declomycin

MD

 

Doxycycline (Vibra-Tabs

MD

 

Minocycline (Minocin

MD

 

Tétracycline

b

-Lactamines 

Pénicillines, dérivés et associations 

Pénicilline G, V 

 

 

Ampicilline 

 

 

Amoxicilline 

 

 

Amoxicilline-clavulanate (Clavulin

MD

 

 

Cloxacilline 

 

 

Pipéracilline-tazobactam (Tazocin

MD

 

 

Pipéracilline 

 

 

Pivampicilline (Pondocillin

MD

 

 

Ticarcilline-clavulanate (Timentin

MD

 

Céphalosporines  

Céfaclor 

 

 

Céfadroxil (Duricef

MD

 

 

Céfazoline 

 

 

Céfépime (Maxipime

MD

 

 

Céfixime (Suprax

MD

 

 

Céfotaxime (Claforan

MD

 

 

Céfoxitine 

 

 

Cefprozil (Cefzil

MD

 

 

Ceftazidime 

 

 

Ceftriaxone (Rocephin

MD

 

 

Céfuroxime (Zinacef

MD

 IV, Ceftin

MD

 PO) 

 

 

Céphalexine

 

Carbapénèmes 

Ertapénem (Invanz

MD

 

 

Imipénem-cilastatine (Primaxin

MD

 

 

Méropénem (Merrem

MD

Autres antibiotiques 

Acide fusidique (Fucidin

MD

 

Clindamycine (Dalacin

MD

 C) 

 

Fosfomycine (Monurol

MD

 

Linézolide (Zyvoxam

MD

 

Métronidazole (Flagyl

MD

 

Nitrofurantoïne (MacroBID

MD

 

Rifampine (Rifadin

MD

 

Triméthoprime 

 

Vancomycine (Vancocin

MD

)

1.  Si une personne est allergique à la pénicilline : 
 

-  Risque élevé de réaction allergique en présence des antibiotiques de la même 

classe (pénicillines) 

 

-  Risque d’allergie croisée avec les céphalosporines (1-10 %) 

 

- Allergie croisée possible avec l’utilisation de carbapénèmes (< 50 %) 

2.   Si une personne est allergique à un antibiotique, il est fort probable qu’elle ait une 

réaction allergique aux autres antibiotiques de la même classe de médicaments.

3.   Si on soupçonne une allergie, aviser le médecin traitant. Dans le cas où l’ad-

ministration d’un produit est requise pour un patient ayant des antécédents 
d’allergie(s), il faut avoir le matériel à disposition au chevet du malade pour gérer 
une réaction allergique possible. Les antécédents d’allergies à un antibiotique 
constituent un facteur de risque d’allergie à toute autre classe d’antibiotiques. 

4.   Il faut faire une distinction entre intolérance (ex. : irritation gastrique, cépha-

lées) et allergies (ex. : éruption cutanée, difficulté respiratoire) à un médica-
ment. Une bonne description des symptômes peut vous guider. 

N.B. :  Les antibiotiques énumérés ci-dessus apparaissent selon leur dénomination commune suivie du nom commercial usuel. Les noms commerciaux des compa-

gnies génériques ne sont pas inscrits, car ils sont sujets à des changements. 

*

 Produit disponible sous la forme topique uniquement

PO : par voie orale; IV : par voie intraveineuse

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Une  sensibilisation  à  l’allergène  préalable  est  néces-

saire pour qu’il y ait formation d’IgE et une réaction de 
type I. Cette sensibilisation peut avoir été non thérapeu-
tique,  comme  une  exposition 

in  utero 

ou  encore  l’in-

gestion de produits alimentaires. Lors d’une réaction de 
type I, le nombre de cellules éosinophiles augmente

3,4

.

Évaluation de la réaction allergique

Le terme « allergie » possède une très large définition 

auprès des patients. Une description détaillée de la réac-
tion  allergique  permet  d’évaluer  le  risque  réel  de  réac-
tion s’il y a une réexposition (tableau III)

3

. Toutefois, il 

est important de mentionner que même une description 
détaillée  ne  peut  permettre  d’éliminer  avec  certitude 
une  réaction  de  type  I  (soit  médiée  par  les  IgE).  Ainsi, 
un  doute  persiste  lors  de  l’administration  subséquente 
du médicament impliqué. De plus, la prise de plusieurs 
médicaments à la fois peut rendre le diagnostic d’aller-
gie plus difficile. Les antécédents du patient permettent 
souvent de mettre en évidence un effet secondaire prévi-
sible plutôt qu’une réaction allergique. En cas de doute, 
il  est  préférable  de  considérer  une  solution  de  rempla-
cement. Pour établir un diagnostic précis, un spécialiste 
devra  faire  une  évaluation  du  patient,  comportant  au 
besoin des tests cutanés.  La question qui reste toujours 
en suspens est de savoir si le patient a réellement subi 

Pour  un  patient  qui  a  une  allergie  médicamenteuse 

connue  à  un  antibiotique,  le  meilleur  moyen  d’éviter  une 
réaction allergique est de ne pas prendre ce médicament, 
de  même  que  les  antibiotiques  de  la  même  classe  pharma-
cologique.  Généralement,  on  évitera  certains  antibiotiques 
d’autres classes de crainte de provoquer une allergie croisée.

Pathophysiologie

La présentation clinique d’une allergie médicamenteuse 

varie énormément. Elle peut se limiter à une simple urti-
caire localisée, se manifester par une réaction fulgurante 
(syndrome Stevens Johnson) ou peut même être mortelle 
(choc  anaphylactique).  Il  est  important  de  souligner  que 
certaines  réactions  ne  sont  pas  des  réactions  allergiques 
anaphylactoïdes même si elles en ont toutes les apparen-
ces. La connaissance de la physiopathologie des réactions 
allergiques est limitée, ce qui rend difficile le diagnostic de 
ces dernières

3,4

En ce qui a trait à la classification des réactions allergi-

ques, la classification de Gell et Coombs est la plus connue 
(tableau II)

3,4

. Elle divise les réactions allergiques en quatre 

types. Malgré des définitions assez précises, certaines réac-
tions ne peuvent être classifiées, puisque leurs mécanismes 
ne sont pas tous bien compris

3,4

. De plus, plusieurs types de 

réactions peuvent coexister lors d’un même épisode d’al-
lergie médicamenteuse.

Tableau II.  

Classification des réactions d’hypersensibilité selon Gell et Coombs

3,4

 

Type de 

Délai 

mécanisme 

 

 

réaction 

d’apparition 

immunologique 

Commentaires

Type I 

Immédiate 

0 à quelques heures 

IgE 

Anaphylaxie 

 

 

 

 

Angioedème/Hypotension/arythmie

 

 

 

 

Asthme

 

 

 

 

Urticaire 

Type II 

Cytotoxique 

Environ 6 heures 

IgG-IgM 

Maladie auto-immune

 

 

 

 

Leucopénie

 

 

 

 

Anémie hémolytique

 

 

 

 

Thrombocytopénie

 

 

 

 

Néphrite

 

 

 

 

Incompatibilité feoto-maternelle, transfusionnelle 

 

 

 

 

Vasculite

Type III 

Complexe  24 heures à 3 semaines 

IgG-IgM 

Glomérulonéphrite

 

immun 

 

 

Maladie sérique « Serum sickness » 

 

 

 

 

Néphrite interstitielle

 

 

 

 

Fièvre 

 

 

 

 

Vasculite

Type IV   Hypersensibilité 

> 48-72 h 

Cellule T 

Dermatite de contact 

retardée 

retardée 

Type IV 

 

Variable 

Inconnu 

Syndrome Stevens-Jonhson,  

idiopathique 

 

 

 

Dermatite exfoliative 

 

 

 

 

Nécrolyse épidermique toxique

 

 

 

 

Infiltration pulmonaire (nitrofurantoine)

 

 

 

 

Fièvre médicamenteuse 

 

 

 

 

Rash aux aminopénicillines

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une réaction due à une allergie croisée ou s’il a tout sim-
plement développé une allergie à un nouvel antibiotique. 
Un mécanisme de réaction croisée n’est pas toujours en 
cause et l’allergie pourrait provenir d’une prédisposition 
génétique

6

.

 

Facteurs de risques associés à une allergie  
médicamenteuse

 Les patients ayant des antécédents d’atopie ne courent 

pas  plus  de  risques  de  développer  une  réaction  allergi-
que, mais celle-ci risque d’être plus grave. Les adultes de 
20 à 49 ans sont plus exposés à ce risque que les enfants 
et les personnes âgées, et les femmes le sont plus que les 
hommes. L’utilisation de la voie d’administration intravei-
neuse comporte des risques plus importants que la voie 
topique et per os respectivement. De plus, on a rapporté 
que l’utilisation intermittente et répétée de l’antibiotique 
est plus sensibilisante qu’une utilisation continue

7

Les antécédents du patient sont essentiels, mais même 

sans précédents du même genre, on ne peut jamais ex-
clure totalement l’allergie. Il est donc important d’évaluer 
les risques associés à l’antibiotique qui fait craindre une 
allergie croisée. Dans le doute, il est préférable d’éviter 
l’administration de l’antibiotique et de choisir une option 
de remplacement appropriée.

La  décision  de  redonner  un  antibiotique  de  la  même 

classe que celui qui avait provoqué une réaction autrefois 
ou d’administrer un antibiotique d’une classe apparentée, 
sur la simple base d’un questionnaire, est critiquée par 
certains auteurs, même si la réaction était bénigne. On 
peut faire le test cutané ou de provocation orale pour dé-
terminer l’allergie du patient. Selon le cas, on devra pren-
dre en considération une thérapie de désensibilisation. 

Les tests d’allergie aux antibiotiques

Différents tests sont possibles pour établir le diagnos-

tic  d’une  allergie  aux  antibiotiques.  Cependant,  depuis 
le retrait du polylisine penicilloyl (Prépen

MD

) du marché 

en 2004, aucun test standardisé n’est disponible pour la 
réalisation de tests cutanés. La principale limite à l’inter-
prétation des tests est l’ignorance de la sensibilité et de la 
spécificité de ceux-ci pour la plupart des médicaments

8,9

Un test cutané négatif à un médicament ne devrait pas 
être  le  seul  critère  pour  éliminer  le  diagnostic  d’aller-
gie.  Par  ailleurs,  un  test  cutané  positif  devrait  toujours 
être  interprété  à  la  lumière  des  antécédents  cliniques 
du patient

8

. Dans ce cas, le patient devrait recevoir des 

conseils sur les mesures à prendre pour éviter une nou-
velle  exposition  au  médicament  en  cause  ainsi  que  sur 
le risque de réaction croisée avec d’autres médicaments 
de la même famille. Avant d’entreprendre des tests d’al-

Tableau III :  

Composantes importantes lors de la recherche d’antécédents d’allergie chez un patient

42,43

Éléments  essentiels lors de l’entretien 

Commentaires

1- Identifier le médicament en cause

 

-   Il est parfois difficile de répondre à cette question,  puisque 

plusieurs médicaments peuvent être  présents lors de la 

réaction.  

 

-   Y a-t-il eu des ajouts récents ? Vérifier les médicaments en 

vente libre, y compris les produits naturels.

2- Obtenir une description précise de la réaction allergique

 

-  Nature de la réaction (rash, difficulté respiratoire, etc.).

 

-  Gravité de la réaction.

  

-   Cette réaction est-elle déjà survenue en l’absence de l’agent 

en cause ?

3- Chronologie de l’événement

 

-   Âge du patient au moment de la réaction. Le temps écoulé 

depuis la réaction est important, puisque certaines allergies, 

comme celles à la pénicilline, peuvent disparaître avec le 

temps.

 

-   Délai d’apparition depuis la première/dernière prise du mé-

dicament impliqué. Si la réaction survient > 72 heures après 

l’administration, elle ne serait pas causée par les IgE.

  

-  Effet de l’arrêt du médicament sur la réaction. 

 

-   Traitement de la réaction, arrêt ou hospitalisation.

4- Vérifier la prise d’autres médicaments depuis la réaction

 

-    Rechercher la prise de médicaments de la même classe ou 

d’une classe apparentée à un autre moment. Certains pa-

tients rapportent une allergie à la  pénicilline mais tolèrent 

un traitement à l’amoxicilline.

5- Indication du médicament ou pathologies concomitantes

 

-    Les symptômes d’une maladie sous-jacente peuvent être 

faussement attribués au médicament, par exemple, une 

éruption cutanée au tronc lors d’une pharyngite à strep-

tocoques traitée à la pénicilline.  Il faut aussi porter une 

attention aux pathologies associées, comme  les réactions 

d’hypersensibilité au triméthoprim/sulfaméthoxazole (TMP/

SMX) chez les patients atteints de VIH et l’ampicilline chez 

les patients atteints de mononucléose par exemple.

IgE : immunoglobuline E; TMP/SMX : triméthoprim/sulfamétrazone; VIH : virus de l’immunodéficience humaine

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lergie, le clinicien devrait s’interroger sur la nécessité de 
ces tests et sur l’importance réelle pour la santé du pa-
tient de connaître la cause de la réaction présentée

8,9

. Le 

choix des tests à réaliser sera habituellement dicté par 
le type de réaction, soit immédiate (induite par les IgE) 
ou retardée (induite par les lymphocytes T)

8,9

. Certains 

facteurs  peuvent  influencer  la  réaction  de  l’organisme 
lors des différents tests (médicaments, maladie), et il est 
important d’en tenir compte avant de débuter

8

Le test percutané (aussi appelé 

prick test

) est réalisé 

en piquant la peau avec une aiguille stérile à travers une 
goutte d’allergène déposée sur l’avant-bras. La réaction 
débute  généralement  en  cinq  minutes  et  atteint  son 
maximum  après 20 à 30 minutes

8-10

. Il est possible d’uti-

liser  une  goutte  de  préparation  injectable  ou  même  un 
comprimé dilué dans un peu de sérum physiologique

10

Cette technique sûre et simple à réaliser est couramment 
utilisée  en  allergologie,  entre  autres  pour  le  diagnostic 
des allergies alimentaires et respiratoires. Elle permet la 
mise en évidence des réactions allergiques induites par 
les IgE, mais est modérément sensible pour détecter les 
réactions aux médicaments

3,8,10

Dans le cas d’une réaction négative au test percutané, 

on peut réaliser un test par injection intradermique qui 
permet  une  lecture  rapide

8,10

.  On  injecte  dans  le  derme 

de 0,02 à 0,05 mL de solution d’allergène à concentration 
variable pour produire une papule de 3 à 5 mm de dia-
mètre

8,10

. La réalisation de ce test nécessite absolument 

une  préparation  injectable  du  médicament  à  tester.  La 
lecture est possible après 20 à 30 minutes et on augmente 
la concentration du médicament après chaque lecture s’il 
y a absence de réaction. Ce test est plus sensible que le 
test  percutané,  mais  comporte  des  risques  de  résultats 
faussement positifs par irritation et peut aussi entraîner, 
dans  de  rares  cas,  une  réaction  systémique

8,11

.  On  peut 

aussi  réaliser  le  test  par  injection  intradermique  pour 
diagnostiquer une allergie dite tardive (qui n’est pas cau-
sée par les IgE)

8,11,12

. Dans ce cas, la lecture sera réalisée 

48 à 72 heures après l’injection, voire même après sept 
jours

8,11,12 

.

On utilise le test épicutané (ou 

patch test

) pour la ré-

vélation des hypersensibilités retardées de type IV (mé-
diation  par  les  lymphocytes  T)

8,12,13

.  Ce  type  de  test  est 

la méthode de référence pour le diagnostic des allergies 
de contact en dermatologie

13

. L’allergène est d’abord dis-

persé dans un véhicule. Il s’agit le plus souvent de gelée 
de pétrole blanche

12,13

. Par la suite, à l’aide de bandes ad-

hésives spéciales, l’allergène est appliqué dans le dos du 
patient pendant 24 à 48 heures. La lecture des résultats 
est faite après 48 et 72 heures, parfois plus selon les be-
soins

3,8,12,13

. Dans le cas d’un érythème pigmenté fixe, on 

réalisera plutôt le test épicutané sur le site de la lésion 
pour diagnostiquer cette réaction précise

14, 15

Finalement,  si  toutes  les  épreuves  cutanées  sont  né-

gatives, il est possible de procéder à un test de provoca-
tion orale

3,11,16

. C’est l’épreuve ultime, puisque si aucune 

réaction ne survient, le patient pourra généralement re-
cevoir à nouveau le médicament de façon sûre. On doit 
administrer le produit suspect à très faible dose et sous 
supervision médicale étroite. Par la suite, on augmente la 
dose graduellement, en deux et jusqu’à six étapes, pour 
atteindre  une  dose  thérapeutique

3,16

.  L’intervalle  entre 

chaque dose peut varier entre 30 et 60 minutes, parfois 
un peu plus selon la gravité de la réaction antérieure ou 
la rapidité de son apparition

11,17

. Cette procédure diffère 

de la désensibilisation, puisque le but n’est pas de faire 
développer au système immunitaire une tolérance à un 
médicament en présence d’une vraie allergie, mais bien 
d’éliminer l’allergie comme diagnostic en présence d’un 
doute sérieux

3,16

. Le test de provocation orale comporte 

certains  risques,  puisque  la  réaction  originale  pourrait 
survenir à nouveau

17

. Par contre, comme on administre 

environ l’équivalent d’une dose en quelques heures, les 
symptômes  sont  habituellement  plus  courts  et  plus  lé-
gers que la réaction d’origine

17-20

Dans  le  cas  de  réactions  graves,  tels  le  syndrome  de 

Stevens-Johnson ou la nécrolyse épidermique toxique, le 
risque de réactivation de la réaction doit être pris très au 
sérieux et est souvent considéré comme une contre-indi-
cation à l’administration d’un test de provocation orale 
et parfois même aux injections intradermiques

8,16,20

Allergie croisée : pénicillines

La structure de base des pénicillines est constituée d’un 

noyau  bêta-lactame  et  d’un  noyau  thiazolidine.  L’acide 
6-aminopénicillanique (cycle thiazolidine lié au cycle bê-
ta-lactame) est le noyau de base des pénicillines. Il peut 
être substitué par acylation sur sa fonction aminée pour 
donner naissance à des dérivés. Sur la base de la nature 
des substituants et du spectre antibiotique, on distingue 
quatre  sous-groupes  de  pénicillines  :  les  benzylpénicil-
lines,  les  pénicillines  résistantes  aux  pénicillinases,  les 
aminopénicillines et les pénicillines anti-pseudomonales 
(carboxypénicillines et acyluréidopénicillines). Les ben-
zylpénicillines sont des pénicillines naturelles tandis que 
les autres sous-groupes sont semi-synthétiques

4,5

.

La pénicilline est la cause la plus fréquente d’anaphy-

laxie associée à un médicament et compte pour environ 
75 % des décès par anaphylaxie aux États-Unis

4,5

. L’hypo-

thèse veut que ces réactions allergiques trouvent leur ori-
gine dans l’instabilité chimique relative des pénicillines. 
Leurs produits de dégradation (pénicilloyl-) se lieraient 
de façon covalente aux protéines plasmatiques et consti-
tueraient ainsi des haptènes

21

Même si une réaction anaphylactique peut se produire 

avec tous les antibiotiques, seule la fréquence des cas as-
sociés à la pénicilline est bien décrite (0,0001-0,0002 %)

16

.

 

Environ  10  %  des  patients  rapportent  une  allergie  à  la 

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pénicilline, mais lorsqu’on évalue les antécédents du pa-
tient, on constate qu’approximativement 90 % de ceux-ci 
ne sont pas réellement allergiques à ce médicament et le 
tolèrent  bien.  Cette  différence  peut  être  attribuée  à  di-
vers facteurs, comme la maladie sous-jacente, une erreur 
de diagnostic au départ et aussi à la perte de sensibilité 
avec le temps aux réactions de type 1

3

. Par exemple, on a 

rapporté que 80 % des patients ayant eu une anaphylaxie 
à la pénicilline n’ont plus de réaction 10 ans plus tard

3

. Le 

mécanisme responsable de la réaction allergique et aussi 
de la réaction croisée possible entre différentes pénicilli-
nes semble être non seulement lié au noyau bêta-lactame 
mais aussi à la chaîne latérale. Lorsque le test cutané est 
négatif, la pénicilline peut être réadministrée avec peu de 
risque de réaction de type 1.

Les  patients  allergiques  à  la  pénicilline  doivent  être 

considérés comme étant allergiques à toutes les pénicilli-
nes semi-synthétiques. Donc, si un patient est allergique à 
une pénicilline, il ne devrait pas recevoir d’antibiotique de 
type pénicilline à moins qu’un test cutané soit négatif.

Allergies croisées : céphalosporines

Les céphalosporines peuvent causer des réactions al-

lergiques de type immédiat (médiées par les IgE), mais 
seraient moins allergisantes que les pénicillines

2

. La fré-

quence des allergies cutanées aux céphalosporines serait 
d’environ  1  à  3  %  et  la  fréquence  des  anaphylaxies  est 
rare, soit 0,0001-0,1 %

2

 Tout comme les pénicillines, la structure chimique de 

base des céphalosporines est constituée d’un noyau bê-
ta-lactame mais renferme aussi un noyau dihydrothiazine 
(au lieu d’un noyau thiazolidine). Les céphalosporines ont 
en commun un noyau acide 7-aminocéphalosporanique. 
Le noyau 6-aminopénicillanique des pénicillines possède 
un carbone supplémentaire, mais la distance séparant la 
fonction carboxylique de l’amide cyclique reste intacte. 
On  distingue,  à  l’heure  actuelle,  quatre  générations  de 
céphalosporines

2,22

.

Bien que les céphalosporines aient une structure chimi-

que similaire à celle des pénicillines, le lien entre la struc-
ture  chimique  et  la  réponse  immunologique  est  beau-
coup  moins  clair  avec  les  céphalosporines  qu’avec  les 
pénicillines

2

.  La  dégradation  des  céphalosporines  peut, 

par  ailleurs,  produire  plusieurs  métabolites  différents, 
et ceci atténuerait le lien possible entre les allergies et 
la présence du noyau bêta-lactame. Ces métabolites ont 
une  structure  unique,  pouvant  induire  une  réponse  im-
munologique spécifique

22

. Ainsi, une réaction allergique 

aux céphalosporines peut survenir à cause d’un détermi-
nant commun aux céphalosporines et aux pénicillines ou 
encore, la réaction serait liée uniquement à la structure 
« haptène » de la céphalosporine

22

. Un test cutané positif 

avec la pénicilline ne permet toutefois pas de prédire la 
survenue de réaction allergique croisée.

Allergies croisées pénicillines/céphalosporines

Auparavant, les préparations de céphalosporines pro-

venaient de cultures de moisissures du genre 

cephalos-

porium

, qui pouvaient contenir des traces de pénicilline, 

ce  qui  faisait  surestimer  le  risque  de  réaction  croisée 
(pouvant aller jusqu’à 50 %). On estime actuellement l’in-
cidence d’hypersensibilité aux céphalosporines chez un 
patient allergique à la pénicilline à environ 3 %, ce qui est 
comparable aux risques d’allergie à une céphalosporine 
sans  antécédents  d’allergie  à  la  pénicilline

3,22

.  Le  risque 

d’anaphylaxie  après  l’administration  d’une  céphalospo-
rine chez un patient ayant eu une réaction allergique à la 
pénicilline est très faible (< 0,001 %)

6

.

Le  mécanisme  par  lequel  l’allergie  croisée  entre  les 

pénicillines  et  les  céphalosporines  se  produit  semble 
être  lié  au  noyau  bêta-lactame  commun  ou  à  une  chaî-
ne  latérale  identique.  Cette  réaction  croisée  résulterait 
partiellement de la présence des IgE dirigées contre un 
groupement methyl, liant la chaîne latérale au reste de la 
molécule  de  pénicilline

22

.

 

Mais  dans  la  grande  majorité 

des cas, c’est le noyau qui est similaire. 

Si  les  anticorps  IgE  sont  dirigés  vers  le  noyau  de  la 

structure, alors il y a une réactivité croisée entre toutes 
les céphalosporines. Si, par contre, les anticorps existent 
au niveau R1 ou R2 des chaînes latérales, alors la situa-
tion est beaucoup plus complexe

5

. Une allergie croisée 

entre une pénicilline et une céphalosporine de troisième 
génération  est  beaucoup  moins  probable  qu’avec  une 
céphalosporine  de  première  ou  de  deuxième  généra-
tion

22

.  La  céphalosporine  de  première  génération  étant 

encore  plus  problématique,  car  sa  structure  ressemble 
davantage à celle de la pénicilline, à l’exception de la cé-
fazoline qui possède une chaîne latérale différente de la 
pénicilline. En fait, la réaction croisée entre une pénicil-
line et une céphalosporine de deuxième ou de troisième 
génération n’est probablement pas supérieure à celle en-
tre une pénicilline et d’autres classes d’antibiotiques

22

. Il 

faut  par  contre  prêter  attention  à  la  céphalexine,  qui  a 
une chaîne latérale identique à l’ampicilline, et au céfa-
droxil, qui est très proche de l’amoxicilline

22

La  fréquence  des  allergies  croisées  entre  une  cépha-

losporine  de  quatrième  génération  (céfépime)  et  les 
autres classes de céphalosporines est inconnue. Une al-
lergie croisée pourrait survenir entre la céfépime et une 
céphalosporine de troisième génération, puisqu’elles ont 
une  chaîne  latérale  acétyl  identique  (ceftriaxone,  céfo-
taxime) ou similaire (ceftazidime). Par contre, une étude 
de cas rapporte qu’un patient allergique à la céfépime a 
bien toléré un traitement à la ceftazidime, ce qui contre-
dit l’hypothèse qui vient d’être énoncée

23

.

 

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Que faire s’il y a des antécédents d’allergie à la péni-

cilline et que l’on doit prescrire une céphalosporine ?

 

On  rapporte  que  5,6  %  des  patients  ont  présenté  une 

réaction  allergique  dans  les  24  heures  qui  ont  suivi  le 
début d’un traitement avec une céphalosporine lorsque 
l’allergie à la pénicilline avait été confirmée par un test 
cutané  positif,  alors  que  seulement  1,7  %  des  patients 
présentaient une réaction allergique à la céphalosporine 
lorsque le test cutané à la pénicilline avait été négatif

24

Si le test à la pénicilline est négatif, on pourrait prescrire 

une céphalosporine. Dans le cas où le test est positif, il faut 
envisager de prescrire un antibiotique d’une autre classe 
pharmacologique, donner la céphalosporine graduellement 
(réaction dans moins de 2 % des cas dans les 24 heures qui 
suivent l’administration, mais les réactions sont anaphylac-
tiques) ou administrer une thérapie de désensibilisation du 
patient avec la céphalosporine en question

22

Dans l’éventualité où aucun test n’est disponible, il faut 

procéder avec le patient à un examen complet de ses an-

técédents pour évaluer le type et la gravité de la réaction. 

Après avoir tout de même administré la céphalosporine, 

on  a  constaté  moins  de  1  %  de  risque  d’allergie,  mais  il 

existe néanmoins un risque de réaction anaphylactique

22

Que faut-il faire s’il y a des antécédents d’allergie à une 

céphalosporine et qu’il faut prescrire une pénicilline ? 

Dans le contexte où le test cutané à la pénicilline est 

négatif, on peut administrer la pénicilline. Si le test cu-
tané à la pénicilline est positif, il faut alors envisager de 
donner  un  antibiotique  d’une  autre  classe  ou  pratiquer 
une thérapie de désensibilisation à la pénicilline

2,22

En  résumé,  la  décision  d’administrer  un  antibiotique 

non bêta-lactame permet d’éviter le risque de réactions 
croisées mais n’est pas toujours l’option optimale en ter-
mes  d’efficacité,  de  coût  ou  de  potentiel  de  résistance. 
Comme le risque d’une réaction croisée entre une péni-
cilline  et  une  céphalosporine  est  controversé  et  que  le 
risque  d’anaphylaxie  ou  d’effets  indésirables  aigus  est 
très  faible,  certains  auteurs  mentionnent  la  possibilité 
d’administrer une céphalosporine à un patient allergique 
à  la  pénicilline,  ayant  eu  une  réaction  légère  à  modé-
rée

6,22

. Les lignes directrices du Joint Taskforce on prac-

tice  parameters  ne  préconisent  pas  cette  option,  mais 
recommandent plutôt l’utilisation d’un test cutané avant 
l’administration de la céphalosporine qui, par contre, est 
parfois plus difficile à effectuer et peut être cause de re-
tard dans l’administration de l’antibiotique

22

.

Allergies croisées des céphalosporines  

entre elles

La  fréquence  des  allergies  croisées  entre  céphalos-

porines semble être faible. Ceci peut s’expliquer par la 
présence d’une chaîne latérale identique (généralement 
en position 7 sur le noyau bêta-lactame, comme dans le 

cas de la ceftriaxone et du céfotaxime) ou similaire (ex : 
ceftriaxone et céfuroxime)

22

.

L’attitude à adopter face à un patient ayant des antécé-

dents  d’allergie  à  une  céphalosporine  demeure  contro-
versée.  Plusieurs  cliniciens  considèrent  qu’un  patient 
présentant  des  antécédents  d’allergie  à  une  céphalos-
porine peut recevoir de façon sûre une autre céphalos-
porine  possédant  une  chaîne  latérale  différente  (ex  : 
céfazoline  et  ceftazidime).  Par  contre,  d’autres  auteurs 
recommandent d’utiliser un antibiotique de classe diffé-
rente, puisque la littérature médicale est peu abondante 
sur le sujet

2,3

.

 

Que faire si on doit donner une céphalosporine à 

un  patient  ayant  des  antécédents  d’allergie  à  une 
autre céphalosporine ? 

Le clinicien pourrait choisir une céphalosporine qui a 

une structure comportant des chaînes latérales différen-
tes ou encore faire un test cutané avec la nouvelle cépha-
losporine  devant  être  administrée  à  une  concentration 
non irritante de 2 à 3 mg/mL

22,25

Si  le  test  est  négatif,  on  peut  alors  donner  la  cépha-

losporine  en  augmentant  la  dose  de  façon  progressive 
ou prévoir une désensibilisation, puisque cette réponse 
n’exclut  pas  une  hypersensibilité.  Généralement,  si  on 
administre la céphalosporine de façon graduelle, la dose 
de départ est de 1/10 à 1/100 de la dose totale en augmen-
tant d’environ cinq fois la dose toutes les 30 à 60 minutes 
jusqu’à ce qu’on atteigne la dose thérapeutique

22,25

. Si le 

test est positif, il faut utiliser un antibiotique d’une classe 
non apparentée ou prévoir une thérapie de désensibilisa-
tion, puisque cette réponse peut être l’indice d’une réac-
tion allergique de type IgE

3,22

. Il est important d’ajouter 

qu’il n’existe pas encore de test cutané validé pour diag-
nostiquer une réaction croisée entre deux céphalospori-
nes, et leur valeur prédictive est inconnue

3

. Bernstein et 

collaborateurs présentent un algorithme sur la conduite 
à suivre en présence d’une hypersensibilité médicamen-
teuse

3,22,26

Allergies croisées : carbapénèmes

Les  carbapénèmes  sont  dérivés  de  la  thiénamycine. 

Leur cycle de base diffère de celui des pénicillines par 
la présence d’une double liaison et l’absence de soufre 
endocyclique. L’incidence des réactions allergiques aux 
carbapenemes est en général inférieure à 3 %

27

. L’inciden-

ce des réactions croisées entre une carbapénème et une 
pénicilline était de 50 % selon les rapports initiaux. Les 
études plus récentes avancent maintenant l’idée d’une in-
cidence de 9 à 11 %

1

. Plus spécifiquement, on a rapporté 

que  le  risque  d’allergie  croisée  entre  une  pénicilline  et 
une carbapénème est environ de 10 à 25 % si l’allergie à la 
pénicilline a été rapportée par le patient et de 47 % si l’al-
lergie à la pénicilline a été confirmée par un test cutané. 
De plus, les réactions d’hypersensibilité à la pénicilline 

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rapportées il y a des dizaines d’années, lorsqu’on utilisait 
des substances comportant plus d’impuretés qu’aujourd’hui, 
pourraient être moins pertinentes de nos jours.

Différentes études rapportent l’incidence de réactions 

croisées  avec  les  carbapénèmes.  On  retrouve  une  inci-
dence de 9,5 à 25 % et 

 11 % lorsque l’allergie à la péni-

cilline est rapportée par les patients ou consignée dans 
les  dossiers  (non  confirmée  par  un  test  cutané)  pour 
l’imipénem et le méropénem respectivement

27-29

. Lorsque 

l’allergie à la pénicilline est confirmée par un test cutané 
(déterminants  antigéniques  majeurs  et  mineurs  :  MAD, 
mAD),  l’incidence  rapportée  est  de  47  %  et  de  =  5,2  % 
pour l’imipénem et le méropénem respectivement

30

. Fi-

nalement, les rapports révèlent que l’incidence de réac-
tions  croisées  entre  l’imipénem  et  les  céphalosporines 
serait de = 11 % lorsque l’allergie à la céphalosporine est 
rapportée par le patient ou mentionnée dans les dossiers 
(non confirmée par un test cutané)

27-28

.

Il n’existe aucune donnée sur le risque d’allergies croi-

sées  entre  les  pénicillines  et  l’ertapénem  ;  cependant, 
puisque la structure chimique (noyau bêta-lactame) est 
similaire aux pénicillines, il existe un potentiel d’inciden-
ce d’allergies croisées qui peut être comparable à celui 
existant en présence des autres carbapénèmes. En atten-
dant  d’avoir  plus  de  données,  on  recommande  d’éviter 
l’utilisation  de  l’ertapénem  en  présence  d’antécédents 
d’anaphylaxie induite par les pénicillines, l’imipénem ou 
le méropénem.

Si un patient ayant des antécédents d’allergie à la péni-

cilline nécessite l’administration du méropénem, Roma-
no  et  collaborateurs  recommandent  d’effectuer  un  test 
cutané  avant  d’entreprendre  le  traitement.  Un  résultat 
négatif serait un indice de tolérance à la substance

30

.

Les patients ayant rapporté avoir des antécédents d’al-

lergie à la pénicilline autre que de type 1 courraient un 
risque  modéré  de  développer  une  réaction  d’hypersen-
sibilité  à  une  carbapénème.  Ce  risque  serait  plus  élevé 
lorsque  l’allergie  à  la  pénicilline  est  rapportée  par  un 
professionnel  de  la  santé,  si  le  patient  est  allergique  à  
plusieurs antibiotiques et si le patient a été soumis à un 
test  cutané  qui  s’est  révélé  positif  ou  s’il  a  des  antécé-
dents d’hypersensibilité de type 1

1

.

 

Allergie croisée carbapénème-carbapénème

Aucun  cas  d’allergie  croisée  entre  l’imipénem  et  le 

méropénem n’a été rapporté dans la littérature médicale 
jusqu’à présent mais, si on prend en compte leur struc-
ture  chimique  similaire,  l’allergie  ne  peut  être  exclue 
avec certitude. Bauer et collaborateurs rapportent le cas 
d’une patiente ayant eu une réaction allergique aiguë à 
l’imipénem  (rash  érythémateux  maculopapulaire  avec 
urticaire), qui a reçu sans complication du méropénem 
après avoir subi une thérapie de désensibilisation au mé-
ropénem selon le protocole (dose de départ de 125 mg, 

surveillance  pendant  15  minutes  et  ensuite  :  dose  dou-
blée toutes les 30 minutes ad 1000 mg)

31

. Gorman et col-

laborateurs

 

proposent  par  ailleurs  un  protocole  de  dé-

sensibilisation  à  l’imipénem  qui  pourrait  probablement 
être employé si la situation inverse survenait

32

.

En présence d’allergie à l’imipénem et si la condition 

clinique du patient exige l’emploi d’une carbapénème, on 
pourrait tenter l’administration de méropénem en recou-
rant d’abord à une thérapie de désensibilisation.

Allergies croisée : monobactame

L’aztréonam  est  le  seul  antibiotique  de  la  classe  des 

monobactames.  Il  est  disponible  par  l’intermédiaire  du 
programme  d’accès  spécial  aux  médicaments  de  Santé 
Canada.

L’utilisation de l’aztréonam durant les dernières années 

confirme que les réactions allergiques à cette substance 
sont peu fréquentes. Selon les tests 

in vitro

, cutanés et 

de provocation orale, il n’y aurait aucune réaction croi-
sée entre les pénicillines et l’aztréonam

3

. De plus, aucune 

réaction croisée n’a pu être démontrée entre les cépha-
losporines et l’aztréonam à l’exception de la ceftazidime, 
qui a une chaîne latérale (groupe-R) identique à celle de 
l’aztréonam

3

. Les patients allergiques à la pénicilline ou 

aux céphalosporines peuvent recevoir l’aztréonam de fa-
çon sûre  sauf s’ils sont allergiques à la ceftazidime.

Allergies croisées : quinolones

Les quinolones produisent des réactions d’hypersensi-

bilité par différents mécanismes immunologiques

33

. L’in-

cidence de réactions d’hypersensibilité immédiate est de 
0,4 à 2 %

34

. Chez les patients qui développent une réaction 

de type immédiate (angioedème, anaphylaxie), 50 % pos-
sèdent des IgE spécifiques

33

. Lors de réactions retardées, 

c’est-à-dire  l’exanthème  maculopapulaire  ou  hépatite,  
les cellules T sont directement impliquées. Certaines de 
ces cellules T peuvent être spécifiques à une seule ou à 
plusieurs quinolones

33,35

.

Il semble y avoir un lien entre la structure de la quino-

lone et les réactions croisées. Certaines études démon-
trent le rôle important que joue le substitut en position 7 
et  d’autres  mentionnent  celui  du  noyau  commun  aux 
quinolones

34-35

. Par ailleurs, l’utilisation de tests cutanés 

n’est pas recommandée, puisqu’ils produisent beaucoup 
de faux positifs

33,35

Des études 

in vitro

 mentionnent un risque fréquent de 

réaction croisée. Lors de réactions de type immédiat, un 
test 

in  vitro

 a démontré que 80 % des patients présen-

tent des IgE spécifiques à plus d’une quinolone. Lors de 
réactions de type « retardé », on a rapporté un taux de 
réactions croisées de 50 % en utilisant de la ciprofloxa-
cine

33

.  Une  étude  portant  sur  la  sécurité  a  rapporté  un 

taux de réaction croisée de 10 % entre la gémifloxacine et 

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Vol. 42 N° 1   Janvier - Février 2009

la ciprofloxacine lors de réactions allergiques légères

33,35

Il est à noter que l’’incidence d’éruptions cutanées aug-
mente lors d’une exposition prolongée à la gémifloxacine 
(traitement de plus de 7 jours) sans pour autant que ce 
soit une réaction allergique.

Les patients ayant eu une réaction aiguë à une quino-

lone  ne  devraient  pas  recevoir  une  autre  quinolone.  Par 
contre,  certains  auteurs  mentionnent  qu’il  serait  plus  sûr 
d’administrer une autre quinolone si la réaction est légère.

Allergies croisées : sulfamidés

Environ 1 à 3 % des patients développent une réaction 

allergique  aux  antibiotiques  sulfamidés  et  jusqu’à  20 
à 80 % chez les patients HIV positifs

5,16,36

. Il existe trois 

groupes distincts de sulfamidés (SO

2

NH

2

). Les sulfonyla-

rylamines (principalement les antibiotiques), les non-sul-
fonylarylamines  et  les  dérivés  sulfonamides

37

.  Plusieurs 

médicaments non antibiotiques contiennent également un 
dérivé sulfamidé. Le tableau IV présente des exemples de 
médicaments faisant partie du groupe des sulfamidés

 3,37

Le  risque  d’allergie  croisée  entre  les  sulfamidés  non 

antibiotiques  et  les  sulfamidés  antibiotiques  est  très 
controversé

38

.  Tant  en  théorie  qu’en  pratique,  le  risque 

d’allergie  croisée  entre  ces  agents  est  très  faible.  Les 
réactions immunes de type 1 sont surtout liées à la pré-
sence d’un anneau hétérocyclique aromatique à la posi-
tion N

1

 des antibiotiques sulfamidés. Cette réaction sur-

vient dans les minutes et jusque dans les trois jours qui 
suivent l’administration du médicament

36-37

. La deuxième 

est une réaction d’hypersensibilité susceptible d’induire 
de la fièvre, une réaction cutanée pouvant aller jusqu’aux 
réactions aiguës (syndrome Stevens-Johnson, nécrolyse 
épidermique toxique) et une atteinte de multiples orga-
nes (hépatite, cytopénie, néphrite, détresse respiratoire), 
qui est liée à l’arylamine en position N

4

 des antibiotiques 

sulfamidés

36-37

.  Ces  réactions  retardées  surviennent  en 

général  entre  7  et  14  jours  après  l’administration,  mais 
peuvent même se manifester 21 jours plus tard. Les sul-
famidés  non  antibiotiques  sont  dépourvus  de  ces  deux 
composantes chimiques, ce qui fait penser à une réaction 
croisée fortement improbable

37

.

 

Tableau IV : 

Classification des sulfamidés selon leur structure chimique

3,37

Sulfonylarylamines 

Antibiotiques 

Sulfadiazine

 

 

Sulfaméthoxazole

 

 

Sulfisoxazole

 

 

Sulfapyridine

 

Inhibiteurs de la protéase 

Amprénavir, tipranavir, fosamprenavir

non-sulfonlarylamines

 

Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique  

Acétazolamide

 

 

Brinzolamide

 

 

Borzolamide

 

 

Méthazolamide

 

Sulfonylurées 

Chlorpropamide

 

 

Glimépiride

 

 

Glyburide

 

 

Glipizide

 

 

Tolbutamide

 

Diurétiques de l’anse de Henlé 

Bumétanide

 

 

Furosémide

 

 

Torsemide

 

Thiazides 

Chlorthalidone

 

 

Diazoxide

 

 

Hydrochlorothiazide

 

 

Indapamide

 

 

Métolazone

 

Inhibiteurs de la cyclooxygénase-2 

Célécoxib

 

 

Valdécoxib

 

 

Lumiracoxib 

 

Divers 

Probénécid

 

 

Sulfasalazine

 

 

Tamsulosine 

Dérivés sulfonamides

 

Antagonistes des récepteurs 5-HT

3

 

Naratriptan

 

 

Sumatriptan

 

Divers 

Sotalol

 

 

Topiramate

 

 

Ibutilide

 

 

Zonisamide 

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L’allergie  croisée  entre  les  sulfonylarylamines  et  les 

non-sulfonylarylamines  n’est  pas  appuyée  par  la  litté-
rature  médicale.  Une  étude  rétrospective  auprès  de 
969 patients a démontré que le risque de réaction aller-
gique après la prise d’un sulfamidé non antibiotique est 
inférieur  chez  les  patients  ayant  des  antécédents  d’hy-
persensibilité à un sulfonamide antibiotique par rapport 
aux patients ayant des antécédents d’hypersensibilité à 
la  pénicilline

38

.

 

Une  réaction  allergique  aux  sulfamidés 

non antibiotiques est tout de même possible, mais cette 
réaction n’est pas nécessairement le signe d’une allergie 
croisée  avec  les  antibiotiques,  elle  serait  plutôt  due  à 
une  prédisposition  plus  importante  aux  réactions  aller-
giques

37,38

. Malheureusement, les recommandations four-

nies par les manufacturiers ne concordent pas avec les 
données disponibles dans la littérature médicale, ce qui 
peut nuire aux soins offerts aux patients et les compro-
mettre. Les cliniciens sont ainsi pris dans un dilemme

37

Il n’existe aucune méthode bien validée pour confirmer 

le diagnostic d’une allergie aux sulfamidés. Le développe-
ment de tests cutanés s’est avéré impossible en raison de 
la complexité des haptènes présents sur les sulfamidés 
malgré  plusieurs  tentatives  de  développement  de  tests 
qui ont toutes échoué

36

.

 

Dans le cas d’une infection nécessitant absolument un 

sulfamidé, plusieurs protocoles de thérapie de désensibi-
lisation à la combinaison triméthoprime/sulfaméthoxazo-
le sont disponibles dans la littérature scientifique. Cette 
technique est contre-indiquée en présence d’antécédents 
de réaction aiguë aux antibiotiques sulfamidés

36

.

 

En  résumé,  une  personne  présentant  une  réaction 

d’hypersensibilité ou une réaction immune de type 1 à un 
antibiotique sulfamidé (sulfaméthoxazole, sulfisoxazole, 
sulfadiazine, sulfadoxine, sulfacétamide) court un risque 
élevé d’avoir une réaction allergique croisée à un autre 
antibiotique sulfamidé. Par contre, certains experts sont 
en  faveur  de  l’utilisation  d’une  non-sulfonylarylamine 
ou d’un dérivé sulfonamide pour un patient allergique à 
une sulfonylarylamine dans la mesure où un suivi appro-
prié lui est offert, lorsqu’un traitement de remplacement 
n’est pas possible. Cette option n’est pas recommandée 
lorsqu’un patient présente une réaction allergique aiguë 
ou des allergies médicamenteuses multiples

36-37

.

 

Les clini-

ciens devront juger de la situation au cas par cas. 

Allergie croisées : tétracyclines/glycylcycline

Il y a un risque de réaction allergique croisée entre tous 

les antibiotiques de la classe des tétracyclines (déméclo-
cycline,  doxycycline,  minocycline  et  tétracycline).  Les 
glycylcyclines, comme la tigécycline, sont des analogues 
semi-synthétiques  des  tétracyclines  et  possèdent  une 
structure chimique similaire. Par contre, il y a peu d’in-
formation disponible sur le risque d’allergie croisée entre 
les deux classes. Selon la monographie, la tigécycline est 

contre-indiquée pour les patients qui présentent une hy-
persensibilité connue aux tétracyclines

39

Ainsi,  les  patients  ayant  eu  une  réaction  allergique  à 

une tétracycline ne devraient pas recevoir un autre an-
tibiotique de cette même classe ou un antibiotique de la 
famille des glycylcyclines. 

Allergies croisées : aminosides

Il y a un risque de réaction allergique croisée entre tous 

les antibiotiques de la classe des aminosides (amikacine, 
gentamicine,  nétilmicine,  néomycine,  paromomycine, 
streptomycine  et  tobramycine)

40-42

.  Quoique  le  risque 

de réaction croisée entre la streptomycine et les autres 
membres de la classe soit faible, il n’est pas recommandé 
de l’administrer en présence d’allergie à un autre amino-
side

41

. Les patients ayant eu une réaction allergique à un 

aminoside ne devraient pas recevoir un autre antibioti-
que de cette même classe.

Plusieurs  vaccins  contiennent  des  traces  de  néomy-

cine

43

. Ceux-ci sont contre-indiqués pour les personnes 

ayant eu une réaction d’hypersensibilité à la néomycine. 
Parmi ces vaccins, nous retrouvons 

M-M-R II

MD

 (RRO), 

Havrix

MD

, Vaqta

MD

, Twinrix

MD

, Varivax III

MD

, Varilrix

MD

Vaxigrip

MD

,  Quadracel

MD

,  Pentacel

MD

,  ImovaxRage

MD

Imovax

MD

 d

2

T

5

-Polio

. Le vaccin Influvac

MD

 contient de la 

gentamicine

43

.  Il  est  donc  recommandé  de  bien  vérifier 

les  ingrédients  du  vaccin  à  administré  à  un  patient  qui 
manifeste une allergie à un aminoside.

Allergies croisées : vancomycine/daptomycine

Il n’existe aucun rapport sur des réactions allergiques 

croisées  entre  la  vancomycine  et  la  daptomycine

44

.  La 

daptomycine est le seul représentant de la classe des li-
popeptides cycliques, alors que la vancomycine est appa-
rentée aux glycopeptides. Bien qu’il s’agisse de deux dé-
rivés peptidiques, il ne semble pas exister suffisamment 
de  similitudes  entre  les  deux  molécules  pour  craindre 
une hypersensibilité croisée. Les mécanismes d’actions 
des glycopeptides et de la daptomycine sont par ailleurs 
complètement  différents.  La  vancomycine  partage  tou-
tefois  un  noyau  cyclique  commun  avec  d’autres  glyco-
peptides,  comme  la  teicoplanine,  la  télavancine  et  la 
dalbavancine

45

.  Des  allergies  croisées  pourraient  ainsi 

potentiellement se présenter entre la vancomycine et ces 
agents, s’ils venaient à être mis en marché en Amérique 
du Nord

46

.

Il est important de distinguer le rash cutané allergique 

de la réaction typique causée par la vancomycine, qu’on 
appelle 

red  man  syndrome

  (RMS)  ou  encore 

red  neck 

syndrome

. Cette dernière est une réaction de type his-

taminergique associée à une perfusion rapide de vanco-
mycine. Cette réaction n’implique pas la présence d’anti-
corps, contrairement au rash allergique usuel

47

.

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Le RMS se manifeste par l’apparition d’un érythème cu-

tané accompagné fréquemment de prurit. Cet érythème 
est généralement localisé à la tête, au cou, aux épaules et 
au tronc. De l’angioedème et une dépression cardiovas-
culaire peuvent également (mais rarement) se produire. 
Cette réaction est habituellement induite par une admi-
nistration de la vancomycine en moins d’une heure

48

. On 

l’observe plus souvent lorsqu’on emploie des doses uni-
taires de vancomycine supérieures à 500 mg/dose. 

La réaction se résorbe avec l’arrêt de la perfusion de 

vancomycine et l’administration d’antihistaminiques (ex. 
diphenhydramine).  On  peut  reprendre  ultérieurement 
l’administration de vancomycine en augmentant la durée 
de  la  perfusion.  L’utilisation  préventive  d’antihistami-
nique  pourrait  permettre  de  prévenir  ou  de  réduire  cet 
effet  désagréable  chez  certains  patients  qui  ressentent 
toujours le RMS malgré une diminution de la vitesse de 
perfusion.  L’hydroxyzine  est  l’antihistaminique  le  plus 
étudié dans cette indication

47,48

.

Curieusement, l’incidence de cet effet semble être su-

périeure  chez  les  volontaires  sains  plutôt  que  chez  les 
patients, peut-être en raison d’une diminution chez ces 
derniers  de  la  réponse  vasculaire  à  l’histamine,  phéno-
mène observé entre autres chez les patients atteints de 
cancer et chez les diabétiques

49

.

Allergies croisées : macrolides/kétolides

Les  macrolides  sont  composés  d’un  macrocycle  lac-

tonique  de  14  (érythromycine,  clarithromycine),  15 
(azithromycine)  ou  16  atomes  (spiramycine)  sur  lequel 
viennent se fixer deux entités osidiques (desosamine et 
cladinose). On rapporte peu de cas d’allergie aux macro-
lides  dans  la  littérature  médicale,  et  l’incidence  de  ce 
type de réaction semble être faible (moins de 3 %)

19

. Les 

réactions allergiques rapportées, dues à l’érythromycine, 
sont de type 1 ou de type 4. Le risque d’allergie croisée 
entre macrolides est faible et de l’ordre de moins de 10 % 
selon le petit nombre de cas évalués

50

. La télithromycine, 

seul représentant de la classe des kétolides, a une struc-
ture chimique semblable aux macrolides. La réaction al-
lergique croisée entre les kétolides et les macrolides n’a 
pas été investiguée. L’administration de la télithromycine 
à  un  patient  ayant  une  hypersensibilité  à  un  macrolide 
demeure donc une contre-indication. 

Désensibilisation

Lorsqu’un patient est allergique à un antibiotique, le cli-

nicien peut habituellement utiliser une autre option adé-

quate pour le traitement du patient. Par contre, si les so-
lutions de rechange échouent ou ne sont pas disponibles, 
on peut entreprendre une thérapie de désensibilisation. 
Différents protocoles de désensibilisation sont disponi-
bles dans la littérature médicale pour plusieurs classes 
d’antibiotiques  et  catégories  de  patients.  La  concentra-
tion initiale est habituellement 1/10000 de la dose usuelle 
et est doublée toutes les 15 à 30 minutes pour atteindre 
une dose thérapeutique en 4 à 6 heures. Si une réaction 
aiguë se produit, on devrait interrompre la procédure. Il 
est contre-indiqué de faire une désensibilisation si le pa-
tient présente des antécédents de réactions aiguës, tels 
la  dermatite  exfoliative  ou  le  syndrome  de  Stevens-Jo-
hnson.  Il  est  important  de  comprendre  qu’une  désensi-
bilisation diminue le risque de réactions de type I, mais 
ne prévient pas les réactions qui ne sont pas médiées par 
les IgE. De plus, même si le patient a subi une thérapie 
de désensibilisation à un antibiotique, cette dernière de-
vra être répétée en cas d’interruption du traitement ou 
si l’antibiotique doit être réadministré à un moment ul-
térieur

16,22,51

.

Conclusion

Le  choix  d’un  antibiotique  pour  le  patient  allergique 

devrait être guidé par le degré de gravité de la réaction 
allergique  et  la  possibilité  d’une  thérapie  de  remplace-
ment. Un historique détaillé de la réaction doit compren-
dre, entre autres, le médicament pris, le moment exact 
de  la  réaction  et  une  description  des  symptômes.  Les 
réactions systémiques et immédiates sont les plus inquié-
tantes. Le risque d’allergies croisées entre antibiotiques 
d’une même classe est élevé et, de façon générale, l’admi-
nistration d’un antibiotique à un patient allergique à un 
médicament  de  la  même  classe  est  contre-indiquée.  La 
complexité  entourant  les  allergies  croisées  varie  d’une 
classe à l’autre et nécessite souvent une approche indivi-
dualisée. La mise au courrant des patients et des profes-
sionnels de la santé reste essentielle à une bonne prise 
en charge des infections chez le patient allergique.

Pour toute correspondance : 
Hélène Paradis
 Pharmacienne CSSS de l’Ouest de l’Ile  
Hôpital général du Lakeshore
160, chemin Stillview
Pointe Claire (Québec) H9R 2Y2
Téléphone : 514 630-2225, poste 3204
Télécopieur : 514 630-2083
Courriel :  hparadis.lgh@ssss.gouv.qc.ca

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33

Pharmactuel   

Vol. 42 N° 1   Janvier - Février 2009

Abstract

Objective

: A group of Quebec hospital pharmacists 

specializing  in  infectious  diseases  prepared  a  docu-
ment that would improve the understanding of allergic 
cross-reactivity so as to allow the clinician to optimize 
the choice of an antibiotic for a patient.

Data  sources  and  study  selection:

  A  review  of 

the scientific literature was done using PubMed.  Cli-
nical  studies,  systematic  reviews,  and  meta-analyses 
dealing with cross-reactivity reactions to medication 
were evaluated. 

Data analysis:

 This article presents a summary of 

the  pathophysiology  of  drug  allergies  and  a  descrip-
tion of the stepwise evaluation process, and it descri-
bes the risk factors for drug allergies.  It also presents 
an  overview  of  available  skin  tests  to  screen  for  al-
lergies to antibiotics and describes cross-sensitivities 
for each class of antibiotics.  A summary of the diffe-
rent classes is available in table format to facilitate the 
identification of problems when managing patients al-
lergic to antibiotics.   

Conclusion

:  The  risk  of  cross-reactivity  between 

antibiotics  of  the  same  class  is  high.    Generally,  the 
use of an antibiotic in a patient allergic to an antibiotic 
of the same class is contraindicated.  The complexity 
surrounding allergic cross-reactivity varies from one 
class to another and often requires an individualized 
approach.    Educating  patients  and  health  professio-
nals  remains  crucial  to  good  management  of  infec-
tions in allergic patients.

Key  words

:  allergic  cross-reactivity,  antibacterial 

agents, antibiotics, drug hypersensitivity

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