Robert Desnos, ce coeur qui haïssait la guerre

« La poésie de Desnos est celle du courage », où « l’idée de liberté court comme un feu terrible », dit éluard au retour des cendres de son ami. Né avec le siècle et le cinéma, Desnos fut de toutes les aventures de son époque, surréaliste notamment. Auteur d’une force et d’une simplicité rares, résistant jusqu’à en mourir, il succombe au camp de Terezin le 8 juin 1945.

De ses premiers essais de poésie, « Prospectus » en 1919, jusqu’au « Veilleur du Pontau-Change » en 1944, Robert Desnos n’a jamais cessé d’évoquer Paris où il est né, lieu d’une enfance heureuse, où toutes les nationalités se croisent, où l’art et la littérature se déploient avec une liberté d’invention exceptionnelle, et où il restera pendant l’Occupation. Robert Desnos est né le 4 juillet 1900 dans le quartier des Halles, où abondent les boutiques de commerçants et d’artisans, où se côtoient des gens de tous horizons, où se parle une langue populaire et facilement argotique. Et si ses études primaires le satisfont, c’est en dehors de l’école que sa curiosité d’enfant trouve à se satisfaire.

Il s’imprègne de toute une mythologie quotidienne que lui apportent les affiches publicitaires, les illustrations des couvertures des suppléments du « Petit Parisien » ou du « Petit Journal », les bandes dessinées des « Pieds Nickelés » ou de « Nick Carter». Il lit avec passion les aventures de Juve et Fantômas dans les romans de Marcel Allain et Pierre Souvestre. Surtout, il goûte « l’atmosphère trépidante et romanesque dans laquelle la génération de 1900 vécut ses premiers rêves » – cette génération qui, selon sa formule, « a l’âge du cinéma». Dans de remarquables articles consacrés au cinéma, en 1923, il analyse les bouleversements de la vie mentale qu’opèrent les images filmées en créant un « érotisme cinématographique », où chaque spectateur, captivé par les aventures des héros sur l’écran, s’en inspire pour dérouler selon son désir une aventure qui n’appartient qu’à lui. Desnos trouve dans le rêve cinématographique le modèle de ce que seront, dans ses poèmes, les images: surgissant à la limite du réel, les visions cocasses ou pathétiques imposent leur présence hallucinatoire et se transforment jusqu’à épuisement du rêveur.

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