Didascalicon

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Hugues de Saint-Victor rédige le Didascalicon (Leyde, Bibliothek der Rijkuniversiteit, Ms. Vucanius 45, f° 130)

Le Didascalicon est un ouvrage du philosophe et théologien mystique du XIIe siècle Hugues de Saint-Victor. Il composa son œuvre avant 1137. Son sous-titre De arte legendi, se traduit mot à mot par l'art de lire, mais, il est plus juste de l'entendre comme un art d'enseigner (legere/lectio), ou même de se cultiver.

Détails[modifier | modifier le code]

En maître d'école, Hugues, construit un manuel dans la lignée d'Isidore de Séville. L'écrivain le veut complet et tient beaucoup à ce corps d'enseignement où tout se tient ensemble pour un même objectif.

Découpé en six livres, le Didascalicon est un traité de l'étude des arts libéraux et de l'Écriture. Dans la préface, Hugues expose son projet :

« La lecture occupe la première place dans les études. Le présent livre en traite, en donnant des règles pour lire. [...] La première partie comporte l’instruction du lecteur ès arts, la seconde, celle du lecteur en science religieuse. [...] Voici la méthode suivie dans cette instruction : d’abord montrer ce qu’on doit lire, puis dans quel ordre et comment on doit lire. »

Le maître présentera successivement le quid legendum, ce qu'il faut lire, le quo ordine, dans quel ordre et enfin le quo modo comment...

Hugues y propose surtout un nouveau classement des sciences. Il divise la philosophie en quatre branches : théorique, pratique, mécanique et logique, chacune se subdivisant de nouveau. La théorique comprend la théologie, les mathématiques et la physique, comme chez Boèce. La philosophie pratique comprend trois parties : morale personnelle, morale privée et morale publique. La mécanique compte sept branches : art de la laine, fabrication des armes, navigation commerciale, agriculture, chasse, médecine et spectacles. Enfin la logique comprend la grammaire et l'art du raisonnement. Dans le cadre scolaire, Hugues de Saint-Victor priorise l'enseignement de la logique et de la mathématique : « On ne peut connaître la nature des choses si l'on ignore leurs noms ».

La logique est envisagée comme préliminaire indispensable à toute connaissance : elle a pour objet l'entendement.

Les arts mécaniques sont ainsi présentés :

« La mécanique contient sept sciences : la fabrication de la laine, l'armement, la navigation, l'agriculture, la chasse, la médecine, le théâtre »

— Didascalicon, II, 20

L'introduction des sciences mécaniques est elle aussi nouvelle et Hugues explique leur présence en ce que depuis la chute, l'homme tente de remédier à l'état de misère dans lequel il est plongé. Les savoirs mécaniques sont considérés théologiquement avec la finalité qui vise « à restaurer l'équilibre à l'égard de la contrainte que constitue les défaillances auxquelles notre vie présente est soumise »[1] on peut ajouter le commentaire suivant pour bien cerner l'importance que prend pour Hugues l'étude complète de la nature :

« Tous les arts de la nature sont au service de la science divine ; la sagesse inférieure, correctement ordonnée, conduit à la supérieure. »

— Didascalicon

Les livres V et VI constituent un traité d'exégèse.

« Apprends tout, tu verras ensuite que rien n'est superflu ; une science réduite n'a rien qui plaise. »

— Didascalicon VI, 3 (Buttimer, p. 115)[2]

Le livre VII[modifier | modifier le code]

Un livre VII est connu pour être le De operibus trium dierum (PL. CLXXVI, Col. 812-838). C'est un traité de méditation sur les choses visibles, ce qui permet d'atteindre aux choses divines, invisibles.

Conclusion[modifier | modifier le code]

Le Didascalicon est un ouvrage destiné aux étudiants pour préparer à l'étude de la philosophie et la théologie. Il enseigne tout ce qui est nécessaire. Hugues a tenté de réaliser son projet à partir des sources accessibles comme Boèce, Cassiodore, Isidore de Séville et surtout Saint Augustin. Selon B. Smalley, il y aurait même tenté une refonte complète du De doctrina christiana de l'évêque d'Hippone [3]. Ses connaissances encyclopédiques y sont remarquables, en dépit des manques ou imperfections propres à l'époque et l'ouvrage marque la scolastique médiévale.

Un autre ouvrage l' Epitoma in philosophiam (ou Epitome Dindimi in philosophiam) est une sorte de résumé des parties philosophiques du Disdascalicon, tout en les remaniant.

Manuscrits[modifier | modifier le code]

  • Paris, Bibliothèque Nationale, Ms. Lat 15256 (XIIIe siècle).

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Didascalicon. De studio legendi. A critical Text, éd. Charles H. Buttimer, « Studies in Medieval and Renaissance Latin » (10), Washington, 1939.
  • Didascalicon. L'art de lire, introduction, traduction et notes par Michel Lemoine, Paris, Cerf, 1969 rééd. 1991, 248 p.

Liens[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Didascalicon, I, 5
  2. « Omnia disce, vibedis postea nichil esse superfluum... »
  3. B. Smalley, The Study of the Bible in the Middle Age, Oxford, 1984, p. 86.