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Santé Canada approuve finalement la pilule abortive

Des flacons de RU-486

Des flacons de RU-486

Photo : La Presse canadienne / Charlie Neibergall

Radio-Canada

Alors que les Françaises ont accès à la pilule abortive depuis plus d'un quart de siècle, le médicament connu sous le nom de RU-486 sera disponible au Canada d'ici quelques mois.

Plus de deux ans et demi après la demande du manufacturier, Santé Canada a confirmé mercredi l'approbation de la pilule abortive, que les Canadiennes pourront obtenir sur prescription d'un médecin.

« Santé Canada étudie la demande depuis décembre 2012, alors il était grand temps qu'on approuve cette méthode très sécuritaire et efficace d'avortement précoce dont des millions de femmes à travers le monde ont pu bénéficier depuis 1988 », affirme Vicki Saporta, présidente et directrice générale de la Fédération nationale de l'avortement (NAF) et de sa branche canadienne, NAF Canada.

NAF Canada représente les professionnels de la santé qui offrent la plupart des services d'interruption de grossesse au Canada. Des experts en médecine de la reproduction ont qualifié le RU-486 de meilleure option connue pour un avortement, et ont milité, avec NAF Canada à leur tête, pour obtenir son approbation.

Mme Saporta dit que la pilule abortive ne sera donnée que par des professionnels de la santé qui pratiquent déjà des interruptions de grossesse, mais qu'il y a espoir qu'au fil du temps davantage de médecins acceptent de prescrire le médicament, en particulier ceux qui se trouvent dans des communautés éloignées ou qui travaillent dans des régions où les femmes ont à parcourir de longues distances afin d'obtenir une consultation chez un médecin pratiquant des avortements.

La pilule abortive, à ne pas confondre avec la pilule du lendemain, permet un avortement sécuritaire, qui ne nécessite pas d'intervention chirurgicale, et qui peut se faire dans les premières semaines de la grossesse. L'avortement par aspiration doit se faire après un minimum de six semaines de gestation.

La pilule abortive est souvent appelée Mifepristone, mais sera commercialisée sous le nom de Mifegymiso. L'appellation désigne la combinaison de deux comprimés. Le premier, le Mifepristone, est un stéroïde synthétique qui inhibe l'action de la progestérone, induisant une fausse couche. Le deuxième provoque la contraction de l'utérus, permettant l'expulsion de son contenu.

Ce médicament est disponible depuis plus de 25 ans en France et en Angleterre. Son utilisation a été approuvée en 2000 aux États-Unis. Mme Saporta rapporte que les femmes de 60 pays ont accès à la pilule abortive, qui est utilisée pour terminer une grossesse de manière sécuritaire.

Les parlementaires réagissent

Pressé par des journalistes alors qu'il était en visite à Calgary, le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, n'a pas voulu commenter la décision. M. MacKay a affirmé que les questions devaient être adressées à la ministre de la Santé, Rona Ambrose et à son ministère.

Il est préférable de garder pour soi les opinions personnelles.

Une citation de le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay

Également de passage en Alberta, Rona Ambrose a indiqué pour sa part qu'elle n'avait rien à voir avec la décision et que toute question à ce sujet devait être soumise à son ministère, notamment aux scientifiques qui sont responsables du processus réglementaire.

Ce n'est pas entre mes mains et la décision est finale.

Une citation de Rona Ambrose, ministre canadienne de la Santé

Rona Ambrose est connue pour ses positions controversées sur les enjeux de planification familiale. En septembre 2012, alors qu'elle était ministre de la Condition féminine, elle avait voté en faveur de la motion M-312 du député pro-vie Stephen Woodworth.  Cette mesure visait à recadrer la définition d'« être humain » telle que présentée dans le Code criminel canadien et aurait pu, selon ses principaux détracteurs, rouvrir le débat sur l'avortement.

David Anderson, un député conservateur fédéral de la Saskatchewan a quant à lui condamné fortement le gouvernement pour avoir approuvé le médicament. Dans un communiqué, le député exprime ses craintes face au médicament qu'il décrit comme « une combinaison dangereuse de produits qui détruit les tissus dans l'utérus d'une femme dans le but de tuer son enfant à naître ».

La professeure Ashley Waddington, une experte de la planification familiale à l'Université Queen's de Kingston, en Ontario, a salué la décision de Santé Canada. Elle considère qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction pour le gouvernement et les Canadiennes.

Mme Waddington a souligné que la décision survenait dix ans après que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) eut ajouté cette pilule abortive à sa liste de médicaments essentiels.

« [...] l'avortement médical est disponible au Canada depuis des décennies. Toutefois, les Canadiennes devaient jusqu'à ce jour se fier à des produits moins efficaces et moins sécuritaires », a-t-elle fait valoir.

Les médicaments contraceptifs mettent du temps à être approuvés  

Le Mifegymiso a fait l'objet d'une étude approfondie par Santé Canada, même s'il ne s'agit pas d'une nouvelle molécule et bien qu'elle figure sur la liste des médicaments essen­tiels de l'Organisation mondiale de la santé. 

Le processus d'approbation de certains médicaments peut être très long : une étude publiée en 2004 dans le Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada soulignait que le délai moyen d'approbation par Santé Canada pour six contraceptifs s'élevait à 29,6 mois. Sur le site de Santé Canada, on indique pourtant que la procédure d'approbation d'un médicament prend généralement 18 mois. 

On ne sait pas ce qui explique le long délai entre la demande du fabricant et l'approbation du Mifegymiso par Santé Canada. Alors que la Food and Drug Administration (FDA) et l'Agence européenne des médicaments rendent les dépôts de soumission accessibles au public, Santé Canada tient ces soumissions secrètes, ainsi que les motifs de refus des médicaments.

Avec les informations de La Presse canadienne

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